
Au bout d’un nouveau raid en solitaire, Tadej Pogačar s’est adjugé pour la cinquième fois consécutive le Tour de Lombardie et ajoute un troisième Monument à une saison historique. Paul Seixas, pour sa première participation à la Classique des feuilles mortes, termine septième.
Il fallait sûrement un numéro aussi insensé que ce à quoi nous a habitué Tadej Pogačar pour contester le règne du Slovène sur ce Lombardia, nous instiller le doute, ne serait-ce que quelques kilomètres, du sacre de « Pogi ». Ils ne sont pas énormément dans le peloton à pouvoir défier le double champion du monde dans ces raids spectaculaires, Quinn Simmons appartient à cette minorité.
L’Américain, à l’attaque dès le kilomètre zéro, à la sortie de Côme, forma une échappée matinale composée de treize coureurs. Rapidement, le rythme ne lui convint pas. À 81 kilomètres de l’arrivée, il s’isola dans la Crocetta et ses compagnons de fortune ne le revirent plus. Derrière, le peloton était sous contrôle, emmené par l’armada des UAE Team Emirates XRG qui maintenaient le champion des États-Unis à 3’15. Cependant, le natif du Colorado n’est pas un échappé ordinaire, bien plus résistant et dangereux que le coursier lambda. Alors que les kilomètres défilaient, l’acharné Américain ne perdait rien. « Il nous a même un peu effrayés », confiera Tadej Pogačar à l’arrivée. Son équipe dut alors se retrousser les manches, Pavel Sivakov, puis Rafał Majka, qui, à 36 ans, imprimait son dernier relais avant sa retraite, réduisirent l’écart à 2’30 avant le Passo di Ganda, dernière grosse difficulté de la journée à quarante kilomètres de la fin. Majka s’écarta, sous les félicitations de son leader qui lui tirait son chapeau, Jay Vine accéléra alors pour lancer l’inéluctable Slovène. Derrière, tout le monde était asphyxié, Remco Evenepoel ne pouvait pas augmenter la cadence, Paul Seixas payait son mauvais placement au début du col. Le dénouement de la saison était proche, Pogačar s’envola, seul au monde, comme lors des championnats d’Europe et du Monde.
Cinq podiums pour cinq Monuments
Enfin, dire qu’il était seul serait manquer de respect à Quinn Simmons, toujours cheveux au vent, qui, à quarante kilomètres de l’arrivée disposait encore de deux minutes d’avance. Mais depuis deux ans, Tadej Pogačar ne laisse pas de miettes à la concurrence, encore moins sur les Monuments. En trois kilomètres, le récent vainqueur des Trois Vallées Varésines reprit l’Américain qui tentait de s’accrocher, au sprint. Il tiendra 300 mètres. Et comme sur ses dernières courses, le leader d’UAE était cette fois-ci seul, fendant la foule italienne dans le Colle Aperto.
Cette course écrit encore un peu plus sa légende, et l’histoire de son sport avec. Face à l’absence d’adversaires, sa solitude à chaque dernier tiers de course dans laquelle il est engagé devient presque harmonieuse, avec le sentiment d’assister à une époque unique.