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Le panache de Primož Roglič dès les premiers hectomètres du charmant col des Prés nous faisait espérer une étape magnifique, un dernier baroud d’honneur sur ce Tour de France pour un coureur à qui, on l’aura compris, peu importe de finir cinquième ou huitième. L’étape avait tout pour être fabuleuse : un scénario explosif, des paysages à couper le souffle dans le Cormet de Roseland et un champion qui s’était levé avec l’idée de faire le show. 

Le triple vainqueur de la Vuelta subissait finalement les ambitions de son compatriote slovène, Tadej Pogacar, qui faisait rouler son équipe toute la journée, bien déterminé à remporter une nouvelle étape et retrouver un tempérament offensif, lui qui affirmait il y a quelques jours « se demander ce qu’il faisait encore là ». Le travail de l’équipe UAE était finalement un pétard mouillé, excepté pour enterrer le trio de tête constitué de Primož Roglič, Lenny Martinez et Valentin Paret-Peintre. Sans doute épuisés par ces trois semaines de courses intenses, les coéquipiers du maillot jaune n’étaient pas à la hauteur des ambitions de leur leader sur cette dix-neuvième étape.  Adam Yates et Jonathan Narvaez disparaissaient à 15 kilomètres de l’arrivée « Tadej s’est retrouvé tout seul, trop vite, car tout le monde est fatigué »  affirmait Mauro Gianetti quelques minutes après l’arrivée.  Il manquait à Pogacar ce coéquipier pour rouler à l’avant dans les derniers kilomètres et revenir sur le vainqueur du jour, Thymen Arensman. Pogacar imprimait un faux rythme, seul, dans le reste de l’ascension, craignant un contre d’un Jonas Vingegaard qui n’a jamais quitté sa roue. Cette appréhension se confirmait dans l’analyse de son directeur sportif à l’arrivée, « c’est une montée où, quand tu roules devant, des gars comme Jonas peuvent en profiter ».

« C’était à Jonas de bouger s’il voulait gagner »

Il y a aussi dans cette ascension vers La Plagne une continuité dans la rivalité entre le maillot jaune et son dauphin inscrite depuis le Tour de France 2021. La sensation que le maillot jaune préférait voir lever les bras Thymen Arensman plutôt que le leader de la Visma-Lease a Bike s’il avait à choisir, alors que ses deux attaques, à 14 et à 7 kilomètres de l’arrivée n’étaient pas aussi tranchantes que dans les Pyrénées pour lâcher son rival danois. Gianetti blâmait surtout Vingegaard, « l’opportunité perdue, elle est plutôt pour Vingegaard car Tadej a déjà gagné quatre étapes. C’était à Jonas de bouger s’il voulait gagner ». Cette guerre psychologique a décliné sur une véritable bataille de nerfs sur les routes détrempées de l’ascension finale, « Vingegaard pensait que Tadej allait attaquer assez tôt pour revenir sur Arensman et sûrement que Tadej espérait que Vingegaard attaque également. Finalement ni l’un ni l’autre n’a essayé et Arensman a gagné avec mérite ».

L’opportuniste Thymen Arensman n’en demandait pas tant pour s’offrir un deuxième succès sur les routes du Tour et confirmer son excellente forme. Et même si dans le dernier kilomètre, posté à 400 mètres dans le dernier lacet de la montée, on eût l’impression que les deux derniers vainqueurs du Tour avaient les jambes pour revenir sur le Néerlandais, qu’ils apercevaient, la crainte de voir le rival lever les bras aura scellé le destin de cette dernière étape alpestre. 

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